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Des réflexions pour une agriculture plus compétitive

Les pertes de compétitivité de la volaille française en Europe sont l'une des principales raisons de son décrochage.

Réunis à Paris, plusieurs dirigeants et chercheurs ont amené une vision résolument entrepreunariale de l'agriculture.

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« Je préfère le nom de chef d’entreprise à celui d’agriculteur ». Audrey Bourolleau, fondatrice de l’école d’agriculture Hectar, a planté le décor en introduction de la conférence sur l’agriculture organisée par le quotidien L’Opinion le 27 juin 2024.

Pour cette matinée, de nombreux grands dirigeants du secteur agricole français sont venus partager leurs réflexions comme Thierry Blandinières, directeur du groupe Invivo. Interrogé sur les raisons du décrochage français dans certaines filières, il a rappelé les orientations agricoles de la France il y a peu. « On peut choisir de monter en gamme mais pour cela il faut un socle solide sinon on se marginalise. Or la France perd des points depuis 30 ans », constate-t-il. La course à la qualité, louée par le président Macron lors de son discours de Rungis en 2017, a vécu pour le patron de la puissante union de coopératives.

Exploitations nourricières ou non

Les discussions se sont vite orientées vers le terrain de la compétitivité. Un sujet sur lequel Audrey Bourolleau espère une vision plus large. « Il ne faut pas regarder que la ferme, mais la chaîne de valeur alimentaire car c’est l’un des enjeux de notre compétitivité face au reste du monde », juge-t-elle. Avec quelques piques lancées à certaines industries. « Il y a aussi une responsabilité collective. Nous avons des acteurs de la volaille française qui décident de faire leur développement en Pologne et dans les pays de l’Est car le coût du travail est moins élevé », rappelle-t-elle.

Elle a ensuite enjoint à « changer d’imaginaire » sur l’agriculture. Pour la dirigeante, il faut accepter que les exploitations agricoles soient « nourricières et non nourricières » avec notamment de la production d’énergie, mais aussi de l’habillement et des cosmétiques appelant à « assumer cette réalité ». Des orientations qui demanderont des financements mais aussi une « harmonisation sociale au niveau européen », appelle Audrey Bourolleau.

Penser à l’échelle européenne

Pour parvenir à redresser la barre, Thierry Blandinières a appelé, quant lui, à raisonner au niveau européen. « Nos concurrents ne sont pas nos voisins mais la Chine, la Russie, États-Unis et Brésil. Pour fédérer l’Europe, il faut dire que nous avons une carte à jouer et que nous devons gagner ensemble des parts de marché. » Puis de préciser : « Il faut peut-être regarder à l’échelle européenne quel pays peut être champion de quelle agriculture pour être diversifié et gagner des parts de marché au niveau mondial », suggère-t-il. Et par l’innovation. « Nous sommes capables d’innover. L’agriculture, c’est aussi des technologies, des datas… une capacité de produire plus et mieux. »

Une notion quelque peu remise en question dans une autre table-ronde par Sébastien Abis, directeur du Club Demeter. « La notion de “produire plus et mieux” commence à me mettre mal à l’aise. Produire mieux, il n’y a pas de débat mais produire le plus longtemps possible ce que l’on produit aujourd’hui dans le monde va déjà être un défi redoutable », appuie-t-il. Appelant à un « réarmement agricole", il a rappelé que dans ce domaine, la France et l'Europe se trouvaient dans une « fenêtre de vulnérabilité ».

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